De Katmandou à New York, une autre manière de faire de la politique s’impose : horizontale, rapide et conversationnelle. Sur Discord, Twitch ou dans la rue, une génération invente la démocratie en temps réel pendant que les institutions françaises comprennent le monde en version différée.
En France, la victoire de Zohran Mamdani à New York a déclenché un concert de réactions prévisibles. “Gauche de rupture”, “Victoire des classes populaires”, “Socialisme triomphant!” “Retour de la radicalité” etc. chacun y est allé de son explication, persuadé de comprendre. On dissèque à l’heure actuelle son programme comme un texte sacré : transports gratuits, encadrement des loyers, crèches publiques. Tout le monde se penche sur le phénomène en quête d’équation magique. Personne en revanche ne relève l’essentiel, à savoir qu’un (19)91 peut faire de la politique comme un trentenaire et non pas comme son père.
Le programme a fait mouche, d’accord. Mais croire que tout vient de là, c’est comme s’inventer que TikTok cartonne grâce à ses chorés pop. Mamdani a mené une campagne construite sur la logique du réseau : conversation, partage, coordination, visibilité. Il a parlé le langage des plateformes, celui de plusieurs générations habituées à l’échange permanent. Sa campagne a fonctionné comme une infrastructure : des canaux de discussion clairs, des réunions quotidiennes, des habitants qui se relient entre quartiers, des votes rapides sur les priorités locales, une présence continue où le message a circulé sans filtre. Le politique y a repris le rythme du réel.
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