Dans un premier texte, j’ai montré comment la brutalité s’est infiltrée dans nos esthétiques, nos interactions et notre culture. Elle ne heurte plus, elle se porte, se consomme, s’admire. Après la mise en scène, place aux récits, aux représentations et aux images. Comment raconter le monde quand la brutalité est devenue la norme ?
Écrire sur la manière dont la brutalité s’infiltre partout – design, mode, urbanisme, récits (…) non plus comme une anomalie, mais comme un axiome –, c’est aussi se demander comment elle a reconfiguré notre manière de voir le monde. À quel moment la brutalité est-elle passée du choc à l’évidence, de l’excès à la norme ? Sommes-nous encore capables de la percevoir comme une rupture ? Ou avons-nous accepté qu’elle soit devenue l’unité de mesure du réel ?
La dernière représentation du CNAC (Centre National des Arts du Cirque) sous le chapiteau de la Villette offre un premier point d’observation. Chaque année, c’est un révélateur : un condensé de créativité, de virtuosité acrobatique, et une lecture du monde au travers d’un art vivant jubilatoire. Le CNAC, c’est l’énergie brute, le mouvement, le jeu, la spontanéité. Une photographie de l’époque, prise en plein mouvement.
...